Mon stage de fin d’études ? Juriste en cabinet d’expertise comptable !

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Coucou,

Ça fait des mois que j’ai commencé à rédiger cet article, sans réellement savoir si un jour je finirais par le poster. Nous sommes enfin ce Jour J et me suis décidée à appuyer sur le fameux « Publier ». Cet article ne plaira pas à tout le monde, j’en suis consciente. Et pour certains  même il n’a rien à faire sur mon blog parce « qu’on ne mélange pas la vie personnelle et la vie professionnelle, et que le travail reste au travail ».

Mais durant ces quatre années d’existence du blog (eh oui, le 1er Novembre c’était l’anniversaire du blog !), je ne me suis jamais uniquement présentée comme Célia, la blogueuse. Et beaucoup d’entre vous ont pu suivre les aventures de Célia l’étudiante en droit. Ceux qui me suivent depuis mes débuts m’ont rencontrée alors que je venais d’entrer en L2 et vivait ma plus difficile année. Vous m’avez vu passer les années, stresser également comme une folle et il me paraissait juste et logique de vous raconter la toute fin de ces cinq années d’études que l’on a pu partager ici ou sur les réseaux sociaux.

Je fais partie de ces personnes qui adorent connaître le métier des uns et des autres mais surtout savoir à quoi ils correspondent, car on a beau le connaître de nom, on n’en connait pas forcément ses spécificités. Voilà également une des raisons pour lesquelles je voulais publier cet article, car il s’agit là d’un métier assez méconnu.

J’espère que cet article, relativement long, saura tout de même vous intéresser et répondra aux questions qu’on a pu me poser, que ce soit sur la recherche du stage, ou sur le poste/les missions en tant que telles. J’espère être assez claire et réussir à vous transmettre toute la positivité qui ressors de cette très bonne expérience.

Mon petit propos qui va suivre sur le sujet sera scindé en deux parties : une sur chacun de ces points. Comme ça vous pouvez lire les deux parties ou seulement celle qui vous intéresse.

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Lors de mon entrée en Master 1, j’ai décidé de choisir la branche « Droit des affaires : droit de l’entreprise » en raison de la diversité des matières proposées, et de mes affinités avec certaines, et ce davantage que pour les débouchés. Pour tout vous dire, à cette époque-là, je n’avais aucune idée encore de ce que j’allais faire à l’issue de mes études.

Pour autant, ça ne m’a pas empêché de réussir très largement cette année de Master 1 et d’obtenir sans difficulté le Master 2 que je souhaitais (l’admission en M2 en droit n’est pas acquise, elle se fait par sélection), à savoir, toujours dans la continuité, le Master 2 Droit de l’entreprise et des patrimoines professionnels. Afin de terminer les études et valider le M2, je devais choisir entre la voie professionnelle et donc réaliser un stage, ou la voie recherche et donc rédiger un mémoire. C’est ainsi que je me suis retrouvée à faire un stage cette année.

Je suis rentrée en cours début/mi-octobre et ai fini les cours (partiels du second semestre compris) fin mars. Le stage devait commencer en avril. Donc autant vous dire que le laps de temps pour trouver un stage était assez restreint. D’autant plus qu’il était difficile de s’y prendre à l’avance, car en effet, je savais que j’avais un stage de fin d’études à faire mais n’avait pas plus d’informations que ça sur le déroulé de celui-ci avant que l’on débute les cours.

J’ai donc préféré attendre d’avoir toutes les informations nécessaires pour commencer à postuler car je ne voulais absolument pas me retrouver face à un potentiel recruteur tout en étant pas capable de lui dire la durée exacte du stage, la date de début etc. A cette époque ci, on était déjà rendu fin octobre / début novembre pour le coup.

Le majeur problème auquel j’ai été confrontée tout d’abord : je ne savais pas où postuler pour le stage, ni sur quel type de poste. Je ne savais toujours pas ce que j’allais faire exactement après le Master, car je trouve qu’on est assez mal renseigné sur les débouchés (en dehors des classiques qui s’obtiennent avec un concours type avocats, magistrats).

Donc forcément je ne savais pas où donner de la tête, le type d’entreprise vers lesquelles me tourner puisque je n’avais pas une idée fixe de poste. C’était très dur pour moi de perdre autant de temps parce que je ne savais juste pas. La seule chose dont j’étais sure, c’est que je voulais trouver un travail qui collerait parfaitement aux matières étudiées lors du Master parce que c’est cet aspect ci qui m’intéressait dans le droit. Pour tout vous dire, j’ai choisi le Master non pas en raison des débouchés, mais en raison des matières qui y étaient évoquées et étudiées.

En effet, l’idéal est toujours de trouver un poste qui colle à ce que vous avez appris. Je ne veux pas trop m’étaler sur ce point mais pour vous dire, de base, je pensais devenir Juriste d’entreprise, or, je me suis vite rendu compte que les cours que j’avais ne collaient pas forcément à ce qui était attendu au sein d’une entreprise. On n’a pas fait de droit des contrats, et je suis très peu calée en droit du commerce. De plus, je pouvais difficilement me trouver un stage dans ce milieu là puisque dans ma campagne, il y a peu de grosses entreprises ayant un service juridique à proprement parler. La seule que j’ai en tête ne m’attirait pas, et les places y sont très chères.

J’avais comme vous l’aurez compris en plus des contraintes géographiques puisque je ne pouvais pas bouger plus loin que mon département (et encore il fallait que ce soit dans la limite du raisonnable niveau déplacement, l’idée ce n’était pas de traverser le département). Donc vite limitée quand même notre grande ville n’accueille pas tant de grosses sociétés, tout étant délocalisé à Bordeaux principalement. Et dans la mesure où le stage devait faire 8 semaines minimum pour être validé, il n’était pas possible de me payer un logement

J’ai eu LA RÉVÉLATION le jour où nous avons eu une offre de stage dans la boite mail étudiante : un cabinet d’expertise comptable recherchait pour son service juridique un stagiaire. Autant vous dire qu’à l’époque (en novembre, soit il y a 10 mois), je n’avais pas connaissance de l’existence de services juridiques au sein des cabinets d’expertise comptable. Et pourtant aujourd’hui la plupart des cabinets en sont dotés, si ce n’est au moins d’un poste de Juriste.

Je me suis renseignée sur ce en quoi ça consistait, et ça collait parfaitement à notre formation. Bien que « littéraire », je suis très matheuse, donc le domaine des chiffres était attrayant. Mais surtout, un tel poste permet de mettre en œuvre les ¾ des matières étudiées lors de mon année de Master 2 (voire Master 1), à savoir : le droit des sociétés (= ma grosse spé), le droit fiscal, le droit comptable/la compta/la compréhension des documents comptables, l’analyse financière, les entreprises en difficultés (= autre matière importante cette année), dans une plus petite mesure, le droit du travail, et dans une moindre, l’anglais.

J’ai donc postulé à cette première offre et ai obtenu un entretien. J’étais en concurrence directe avec une autre personne de ma promotion pour ce stage. L’entretien m’a paru bien se passer sans être excellent. Je n’étais pas vraiment à l’aise, et mon interlocutrice semblait l’être moins que moi encore. Au final, je n’ai pas obtenu ce stage (ma camarade, si) pour 2 raisons :

  • Je suis trop jeune
  • Bien que j’aie donné des cours de soutiens scolaire tous les ans depuis la 2ème année et ce de septembre à juillet chaque année, et ai fait des stages en plus une année sur deux, ce n’était pas assez car je n’avais pas vraiment eu de job saisonnier en juillet-août.

Suite à cet entretien et surtout ce refus, on peut dire que j’avais le moral dans les chaussettes (j’ai probablement un souci d’ego et un refus ne fait jamais plaisir surtout pour de telles raisons). J’ai eu une vraie période de creux suite à cela donc, j’étais un peu au fond du gouffre comme on dirait. Je crois que j’étais déçue par la manière de faire également : un appel de deux minutes, où on me raccroche au nez quand je demande plus d’explications sur le refus afin de savoir les points à améliorer dans le futur, et puis surtout un refus le matin de partiel.. Surtout que ma camarade de promo avait obtenu ledit stage et pavanait devant l’amphi en me regardant ahah. A côté, j’avais également eu beaucoup de réponses négatives (sans entretien) car souvent les entreprises avaient déjà trouvé leur stagiaire ou n’en prenaient pas.

J’ai continué à postuler dans des endroits divers et variés : les cabinets d’expertise, à la banque, ou encore dans les services ressources humaines des entreprises. Fin janvier et courant février nous avons eu quelques autres offres sur la boite mail étudiante. J’ai postulé dans une banque, puis dans un cabinet d’expertise et bien qu’ayant postulé le jour même de l’offre, une autre personne de ma promo a été prise par « piston » (sans même qu’elle ait postulé). Pour la banque, j’ai été refusée après une première étape de sélection.

On ne peut pas dire que la recherche ait été facile puisque malgré mon bon dossier, j’étais dans les 3 dernières personne de la promotion à trouver un stage, comme quoi. Ceux qui me suivent sur Twitter savent à quel point j’en ai chié (oui c’est le mot), d’autant plus que j’étais réellement limitée sur le plan spatial, et ô combien une nouvelle offre m’a délivrée.

Une ancienne étudiante de mon master occupait un poste de juriste dans un cabinet d’expertise comptable et le quittait (elle y avait fait son stage de fin d’études et avait été embauchée à la suite). Le cabinet cherchait donc soit quelqu’un pour la remplacer immédiatement, soit un.e stagiaire à former.

J’ai foncé, littéralement, et j’ai obtenu un entretien ! Et surtout j’ai tout misé sur celui-ci, qui se présentait un peu comme ma dernière chance d’obtenir un stage. Et suite à l’entretien, qui s’est très bien passé (j’ai vu la différence avec le premier passé), je voulais plus que tout ce stage.

Enfin, la chance m’a souri puisque j’ai obtenu ce stage et ce cabinet m’a pris pour 6 mois et non les 8 semaines requises de base afin de valider le Master. Comme disait Rabelais, « tout vient à point à qui sait attendre ». J’ai, au final, mis très longtemps à trouver un stage, mais je pense que je ne pouvais pas rêver mieux.

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Avant de vous raconter le déroulement du stage, je trouve nécessaire de vous faire une petite précision sur le fonctionnement du cabinet. Il s’agit d’un cabinet en plein essor, mais qui reste à taille humaine, et bien loin des fonctionnements d’une chaîne (inter)nationale ou d’une entité plus importante. Il n’y a pas de pôles distincts  pour la comptabilité, le social et le juridique, et donc des collaborateurs plus polyvalents. De même, tout le monde est au même niveau en dehors des patrons. Niveau management le cabinet est un peu original, car au final, on a pas de pôles, et donc de directeurs au sein de ces pôles, ou de directeurs de dossiers. Fin de la petite précision qui n’est pas une critique mais qui justifiera et expliquera pourquoi les missions de mon poste sont diverses et variées.

Je suis donc arrivée en stage le 3 avril et concrètement ce jour ci, j’étais plus stressée qu’autre chose. Je ne savais pas à quoi m’attendre ni comment ça allait se passer avec la personne avec qui je devais partager le bureau. Au final, cette dernière était en maladie, et je me suis retrouvée avec deux autres stagiaires en comptabilité.

C’était en plus là plus grosse structure dans laquelle j’allais faire un stage puisque depuis la L1 j’avais uniquement fait un stage dans le cabinet d’une avocate (on était 2) et aux ressources humaines de l’administration Mc Donald’s de mon département. Et même s’il s’agissait de l’administration de 6 restaurants, il y avait certes beaucoup d’employés mais dans les bureaux ils n’étaient que 4 (je dirais même plutôt 3 à temps plein).

Ici, dans le cabinet, je devais m’accommoder à une plus grosse équipe, à savoir les patrons au nombre de deux, les collaborateurs, soit 9 et les deux stagiaires avec qui j’allais partager le bureau. Rien d’évident donc pour une personne comme moi qui est assez réservée. J’appréhendais énormément le premier jour. Et j’avouerais qu’au départ ce n’était pas facile, je ne parlais pas beaucoup à mes collègues stagiaires, et je n’osais pas trop aller voir mon tuteur quand je ne comprenais pas quelque chose. Mais au final tout s’est bien goupillé, j’ai passé de superbes moments avec les deux stagiaires (on peut dire qu’ils m’ont mené la vie dure ahah) ainsi que tous les collaborateurs. Tout comme les patrons qui m’ont poussée à évoluer et se sont tenus assez disponibles pour moi quand c’était nécessaire.

Mais je crois que ce qui me faisait le plus peur c’était la responsabilité d’occuper le poste, seule. La juriste avait déjà quitté le poste depuis quelques semaines donc forcement je savais que ça allait être intense dès le départ. Et je trouve que c’est difficile d’avoir tant de responsabilités quand on débute, qu’on ne connait pas le poste et qu’on ne sait pas réellement en quoi il va consister.

Et je savais que j’allais devoir faire avec le peu de bagages que j’avais entre les mains. Car la théorie et la pratique sont deux mondes opposés. J’ai déjà étudié des statuts mais je n’en ai jamais rédigé.

Tant de choses qui m’effrayaient pour ce stage. Et je ne peux pas dire que ces six mois aient toujours été faciles, et de tout repos.  J’ai souvent eu des sueurs froides, et je me suis souvent  pas sentie à la hauteur.

Au final c’était quand même un gros pari, parce que je savais ce qu’on me proposait : un stage de 6 mois, car le poste était vacant, et donc potentiellement une proposition d’embauche par la suite. Et je pense que ce point-ci ne faisait qu’augmenter les enjeux derrières ce stage. Peur de ne pas les satisfaire, de ne pas faire les progrès nécessaires, mais également peur que le poste ne me plaise pas, que le stage se déroule mal au sein du cabinet, malgré tout ce que l’on pouvait m’offrir.

C’est difficile de se dire qu’après 5 dures années d’études on a enfin trouvé le stage qu’on attendait tant, que c’est une opportunité énorme parce qu’il y a peut être un contrat à la clé à la fin, mais qu’au final on sera peut être déçu par le stage, le poste. Et que tous les efforts seront vains…

Et quand bien même, je jouais mon avenir en ce sens que si ce type de poste ne me convenait pas, il allait être compliqué pour moi de trouver un autre poste une fois les études finies sans expérience. Les enjeux me stressaient donc trois fois plus que pour un simple stage de découverte, sans parler du coefficient du stage, à savoir 12 dans mon année de Master 2, qui était assez quitte ou double.

Mais j’ai pu découvrir durant ces six mois un poste dont les missions sont très riches et variées. C’est là que ma petite précision sur le fonctionnement prend tout son sens, puisque durant mon stage, j’ai découvert que je n’allais pas intervenir uniquement dans le domaine juridique, puisque j’ai récupéré des missions également sur l’aspect fiscal, le social et la comptabilité.

Au final, j’ai découvert que le poste revenait à intervenir principalement dans ces quatre domaines différents. Je vous explique de suite les missions qui ont pu m’être confiées durant ces six mois.

Droit des sociétés :

Je suis la personne qui derrière son écran, dans son bureau, s’occupe de préparer tout le juridique pour les clients. Et cela peut se traduire de diverses façons. Essentiellement je m’occupe d’effectuer les formalités.

Si on a un nouveau client qui veut créer sa société, eh bien c’est moi qui m’occupe de la création. Je rédige les statuts et prépare tous les autres documents nécessaires à la création selon la forme de la société, c’est-à-dire EURL/SARL, SA, SAS/SASU, SCI, etc. Outre la rédaction des statuts, je remplis les formulaires de création et autres documents, publie les annonces légales . Je prépare tout de A à Z pour le clients, et même une fois signés, je m’occupe du dépôt de ces documents. Il en va de même pour les personnes physiques (professions libérales, auto-entrepreneurs, commerçants, agents commerciaux etc), bien que ces cas-là soient un peu plus rares, et que j’ai essentiellement procédé à des créations sociétés (personnes morales, et non personnes physiques).

Petit point pour les non juristes : une personne morale se distingue d’une personne physique en ce sens qu’il s’agit d’une entité abstraite, composée d’un ensemble d’individus, et à laquelle la loi confère la personnalité juridique (ce qui lui permet d’être titulaire de droits et d’obligations). Pour faire court, une personne physique est un individu en tant que tel, une personne morale, est une entité composée d’un ensemble de personnes physiques. 

D’autres événements juridiques peuvent intervenir dans la vie société, ce qui va conduire également à des modifications. Là de même, s’il doit y avoir un transfert de siège, un changement de gérant, une modification de l’objet social (l’activité exercée au sein de la société), une cession de parts, c’est moi qui m’occupe de préparer les formalités pour procéder à cette modification. Je rédige les cessions de parts, les procès-verbaux de prise des décisions, complète les formulaires et fait encore tout de A à Z jusqu’au dépôt final du dossier. Pour les cessions de parts, ou dissolutions, je dois également me rendre aux impôts pour procéder à l’enregistrement de l’acte de cession, ou le procès verbal de dissolution.

Très vite je me suis retrouvée donc en lien direct avec certains interlocuteurs : la chambre des métiers et de l’artisanat (CMA), la chambre de commerce et de l’industrie (CCI), et le greffe du tribunal de commerce. Si la création, la modification a lieu dans notre département, je prends moi même rendez-vous à un de ces centres de formalités selon leur compétence, et m’y rends pour procéder aux dépôts et enregistrement des dossiers.

Et pour tout vous dire durant le stage, ça n’a pas toujours été simple. Tout d’abord parce que je suis une personne assez introvertie, donc être constamment en lien avec des professionnels du domaine, mais extérieurs au cabinet, ce n’était pas toujours une chose facile. Je devais masquer ma timidité, paraître à l’aise et professionnelle. Et quand on est encore étudiant, et novice dans le domaine, ce n’est pas toujours évident d’être sur la même longueur que ces personnes ne serait-ce qu’au téléphone. Je me suis souvent sentie en décalage, on avait parfois du mal à se comprendre, ou bien je ne savais pas répondre correctement aux questions qu’ont me posait. Je passais vraiment pour une amatrice et ma crédibilité en a pris un certain coup.

Je me suis retrouvée un jour au téléphone avec une dame de la CCI qui a commencé à me donner des abréviations que je ne connaissais pas. Sérieusement, qui dit « VAE » pour vente à emporter ? Moi qui suis assez phobique du téléphone en plus, j’ai commencé à paniquer, et à bredouiller des « euh euh » au bout du fil. J’étais pas du tout sereine, avais des sueurs froides, ne savais plus quoi dire, et pourtant j’avais pas le choix que de continuer à tenir la conversations pour obtenir les informations dont j’avais besoin.

De plus, je m’occupe du secrétariat juridique, c’est à dire qu’un certain nombre de sociétés doivent chaque année procéder à l’approbation de leurs comptes et à l’affectation du résultat qui ressort de l’année. Cela passe par la rédaction d’une assemblée générale, et d’un rapport de gestion (et parfois d’autres documents, en fonction de la taille de la société, de sa forme et ses spécificités) qui doit être signée par les associés, avant d’être déposés au greffe avec un exemplaire des comptes (bilan, compte de résultat). Je ne peux pas dire que ce soit le plus plaisant à faire, mais malgré tout il faut le faire. C’est une obligation qui peut conduire à des sanctions si elle n’est pas respectée. L’approbation doit se faire dans les 6 mois de la clôture de l’exercice. Pour exemple, si on a une société dont l’exercice court du 1er janvier au 31 décembre de chaque année. Pour l’année 2017, l’assemblée générale d’approbation des comptes doit être faire avant le 30 juin 2018.

Lorsqu’on a un certain nombre de clients, comme au cabinet, forcément, on a des dates de clôtures différentes. La plupart des sociétés qui doivent déposer clôturent au 31 décembre. Mais pour d’autres c’est en mars, mai, juin, septembre, voire novembre. Si bien que si vous faites le calcul en ajoutant les 6 mois à chaque fois, vous vous rendez compte qu’il s’agit d’une mission continuelle qui ponctue toute l’année. D’autant plus que n’importe quel mois de clôture peut être choisi à la création de la société. Il faut donc un suivi rigoureux

Plus exceptionnellement, j’ai également rédigé des baux : baux commerciaux, professionnels, ou encore d’habitation ainsi que des avenants, renouvellements de ceux-ci. C’est un vrai suivi de A à Z.

Et je m’occupe également de la branche « Difficultés » qui fait énormément écho à mon Master, puisque le traitement des difficultés des entreprises était une de mes matières principales. C’est très rare, mais il m’est arrivé de faire un dossier de redressement judiciaire et plus récemment de déposer un dossier de liquidation judiciaire.

La grande difficulté dans cet aspect-là du poste, est au final d’arriver à suivre correctement tous les dossiers. Il faut pouvoir retenir les changements qui ont pu intervenir d’une année à l’autre. Il faut se tenir très à jour sur chacun des dossiers, d’autant plus que parfois, nos clients font appels à un autre professionnel (avocat, notaire) pour certaines opérations.

Tout cela passe essentiellement par une très bonne organisation, mais également  une bonne communication avec les différents intervenants sur un dossiers, à savoir les collaborateurs qui s’occupent de la comptabilité, ceux qui s’occupent du social et l’expert comptable.

Droit fiscal :

Dans le domaine du droit fiscal, mes missions ont été moindres. En effet, elles ont principalement consisté en :

  • Le calcul des plus-values et moins-values suite à des cessions de parts sociales pour les déclarations d’impôt sur le revenu.

 

  • La refacturation de la taxe foncière : imaginons, on a une SCI (société civile immobilière) qui achète des locaux professionnels, dont elle loue des bureaux à des infirmiers/kinés ou encore médecins. La taxe foncière va être à payer par la SCI, car c’est elle qui est propriétaire des locaux. Toutefois, elle va être refacturée auprès des divers utilisateurs de ces locaux. Faire la refacturation est simple puisqu’il suffit juste de calculer la quote-part que doit payer chacun en fonction de la surface utilisée.

 

  • Les déclarations d’impôt sur le revenu américaines : pour une cliente vivant aux Etats-Unis, qui possède des appartements en France qui lui procurent donc certains revenus qu’elle doit déclarer aux Etats-Unis. On m’a chargé de m’en occuper, car la patronne ne comprenait pas comment les remplir. Mais c’était super chouette de découvrir comment se passent les déclarations d’impôts dans un autre pays.

Droit du travail :

Comme je le disais auparavant, nous n’avons pas de pôle réellement distinct. C’est à dire que parmi les collaborateurs comptables certains sont aussi spécialisés dans le social. Ils font donc les paies pour les salariés des clients, mais également tout ce qui est contrat de travail, etc.

Les collaborateurs qui font du social, ne le font pas forcément pour les dossiers qu’ils ont également en comptabilité. Cela veut donc dire qu’ils ont une liste en comptabilité, et une autre en social. Mine de rien, apparemment faire des paies prends énormément de temps, donc très vite, certains d’entre eux m’ont délégué la rédaction des contrats de travail. J’en avais déjà fait  l’année dernière lors de mon stage en ressources humaines, mais la base était toujours identiques car je les faisait pour les salariés de l’entreprise. Ici, en stage, il a fallu que je m’habitue à faire des contrats pour des clients différents, dans des domaines très distincts, et avec des conventions collectives différentes. Du coup, il fallait faire très attention aux détails, aux qualifications, à certaines mentions. De quoi se tirer les cheveux parfois.

De  même, j’ai été missionnée pour certaines ruptures conventionnelles. Là c’est un point que j’ai complètement découvert, puisque je ne connaissais ni le fonctionnement de la rupture, ni la façon de calculer le montant des indemnités de rupture. Du coup j’ai énormément appris sur ce point là.

Enfin, dans le domaine social, j’ai également été missionnée par ma patronne de rédiger un contrat d’intéressement pour un des clients. Et la mission était d’autant plus importante, que la mise en place du contrat d’intéressement devait constituer la partie recherche de mon rapport. C’est à dire que pour valider le stage, nous devions rédiger un rapport de stage, et passer une soutenance. La particularité du rapport était le fait qu’il s’agissait bel et bien d’un pur rapport de stage, mais que ce dernier devait contenir une partie qui devait se focaliser sur un point, une mission en particulier. Donc en accord avec ma patronne, j’ai déterminé, qu’au vu du temps passé sur l’accord d’intéressement  et de la recherche que cela m’avait demandé, j’allais approfondir cette mise en place tout particulièrement dans mon rapport.

Dans le domaine social, au final j’ai eu de nombreuses missions : une bonne dizaines de contrats à rédiger, deux ruptures conventionnelles, et le fameux contrat d’intéressement qui m’a pris énormément de temps.

Comptabilité :

Je pense que ce point-ci va en étonner plus d’un, parce que je suis juriste, et ai fait des études de droit. J’ai jamais fait de comptabilité, et je ne suis pas comptable. Mon cursus droit de l’entreprise a fait que j’ai eu des cours de comptabilité, en effet, qui m’ont permis de comprendre le fonctionnement du bilan et du compte de résultat. En master 2, comme dit précédemment, j’ai également eu un cours d’analyse financière, que j’ai adoré, qui permettait l’analyse d’un certain nombre de données économiques.

Pour tout vous dire, quand j’ai appris que j’allais faire de comptabilité, j’étais très partagée :

  • Je voulais apprendre, parce que j’adore apprendre, et que c’était l’opportunité de développer une nouvelle compétence (et une vraie plus-value de mon travail).
  • J’avais peur car totalement novice. Je ne savais pas si j’allais réussir à apprendre dans les temps, être assez efficace, et apprécier également.

L’ancienne juriste avait tout un portefeuille de clients, donc je savais que j’allais plus ou moins devoir récupérer certains de ses dossiers. La plupart avaient été redistribués lorsque je suis arrivée en stage, mais il en restait tout de même trois : deux à saisir mensuellement et un trimestriellement.

Dès la deuxième semaine de stage, on m’a demandé de commencer la saisie dès que j’avais du temps de libre entre deux missions plus juridiques afin d’apprendre et me préparer à la tenue des dossiers que j’avais récupérer.

Je partais de strictement rien : je ne savais pas différencier les achats des ventes, je ne savais pas quels documents devaient être saisis ou non. Je ne savais pas quels montants devaient l’être, et ni comment. Concrètement je ne savais pas me servir du logiciel de compta, ni quoi passer au crédit, au débit. Et bien évidemment, je ne connaissais pas du tout les numéros de comptes.

Je me suis donc entraînée, encore et encore, en enchaînant la saisie des dossiers des collaborateurs. Dès que j’avais une question, je pouvais aller les voir. Et ce n’est qu’en m’entraînant que j’ai progressé et appris. J’avais mon petit bloc note sous la main sur lequel je notais au fur et à mesure les numéros des comptes. Pour mes fameux dossiers, j’ai fait la même chose, j’ai pris des notes pour les premiers mois, tout en étant « supervisée » par une collaboratrice.

Les mois suivants, j’ai continué à saisir mes dossiers, mais également ceux d’une collaboratrice, qui fait énormément de social (+ de 80 clients) et n’a pas de temps pour mettre mensuellement à jour les dossiers en comptabilité qu’elle a. J’ai fini par devenir autonome en saisie (je connais la plupart des numéros de comptes par cœur maintenant) et a faire moi-même les déclarations de TVA mensuellement ou trimestriellement selon les dossiers.

Aussi étonnant que cela puisse paraître j’ai adoré dès le départ la comptabilité. J’ai toujours été assez mathématique, et pour preuve, j’ai adoré l’analyse financière et ai brillé dans cette matière en Master 2 sachant que le cours qui nous a été dispensé a de nombreux liens avec la compta. Et au final, la comptabilité m’a souvent permis de faire des coupures quand je me retrouvais à rédiger des assemblées pour l’approbation des comptes (le fameux secrétariat juridique) pendant des journées entières pour rattraper le retard.

 

En obtenant ce stage et en le débutant, je pensais pas avoir à faire face à un poste qui regroupait autant d’aspects très différents les uns des autres, et dont les missions étaient si variées. Pour tout vous dire, moi qui appréhendais de faire un stage si long, n’ai pas du tout vu le temps. C’est juste dingue la vitesse à laquelle sont passées les journées, les semaines puis les mois. Pas une fois je me suis tournée les pouces (si ce n’est le jour où on a eu une coupure d’électricité pratiquement tout l’après-midi). Contrairement à mes précédents stages, qui m’ont certes beaucoup apporté, mais durant lesquels je me suis souvent ennuyée par manque de choses à faire, ici, je n’en ai pas eu le temps. Il y avait toujours quelque chose à faire, et pas du rangement de paperasse. Y a toujours de la saisie à rattraper sur certains dossiers, mettre à jour les assemblées, etc. A aucun moment je me suis retrouvée à faire de l’archivage parce qu’on n’avait rien à me donner.

Ces six mois se sont donc révélés très riches, très formateurs même si le stress a parfois été de la partie. J’ai passé d’excellents moments, j’ai beaucoup appris et ai beaucoup ri. Parce que pour moi, un stage, c’est un tout. Découvrir, apprendre, se révéler, se surpasser, s’orienter, s’adapter, partager mais surtout s’éclater. Et ce sont ces éléments réunis qui font d’un stage, un excellent stage.

J’ai obtenu une excellente note a ma soutenance, soit 17/20, et ce en partie grâce à l’évaluation élogieuse de mon patron. Et j’ai également obtenu mon master 2 avec la mention bien et la superbe moyenne de 15.31. Et je me suis également découvert une vocation, du moins pour le moment, puisqu’on ne sait de quoi l’avenir sera fait.

Ce poste, c’est toujours le mien à l’heure actuelle. Parce que oui, j’ai été embauchée en CDI le lundi qui a suivi la fin de mon stage. J’ai fini le vendredi le stage pour reprendre le lundi en CDI. Je sais la chance que j’ai, d’avoir trouvé un travail si rapidement à la fin de mes études, et d’avoir eu l’opportunité de rester dans l’entreprise où j’ai passé 6 superbes mois de stage.

Pour l’instant tout se passe encore très bien, le temps passe toujours aussi vite ! Déjà 2 mois de CDI, et 8 mois au total passés au cabinet. Les journées ne se ressemblent toujours pas, et les missions sont toujours plus diverses. J’ai également récupéré de nouveaux dossiers en comptabilité pour mon plus grand plaisir. Je prends davantage d’initiatives et me considère de plus en plus légitime sur ce poste. Et j’espère que ça continuera et n’évoluera qu’en positif pour les années à venir.

Pour conclure comme il se doit cet article, je voudrais remercier toutes les personnes qui ont été là durant ces années de fac, qui ont souvent été à l’écoute, et dont le soutien a toujours été infaillible. De même pour ceux qui ont été présents durant la recherche de ce stage, et la rédaction de mon rapport-mémoire jusqu’à la toute fin. Ils se reconnaîtront, je l’espère. Je vous remercierai jamais assez !

Au cours de cet article, j’ai essayé de répondre aux questions qui m’avaient été posées, mais il se peut que vous en ayez d’autres. Alors si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire, j’y répondrais avec plaisir.

Stay tuned, plein de nouveaux articles arrivent ! 

6 réflexions sur “Mon stage de fin d’études ? Juriste en cabinet d’expertise comptable !

  1. labibliothequedelodie1606 dit :

    Merci beaucoup pour cet article !!
    Étant en M1 de droit des affaires, je n’arrive toujours pas à trouver de stage… Ça me « rassure » de voir que je suis loin d’être la seule à découvrir tous les jours des nouveaux métiers où il est possible de travailler en tant que juriste comme le cabinet d’expert comptable !

    Aimé par 1 personne

    • L'écho des mots dit :

      Coucou ! De rien, contente de voir qu’il a su t’intéresser. Le droit est un domaine tellement vaste qu’il est difficile de connaître tous les débouchés qu’il peut y avoir.. Et comme tu peux le voir, au final juriste en cabinet d’expertise c’est assee répandu, et ça raccroche bien à une branche précise du droit des affaires.

      Tu dois faire un stage cette année en Master 1 ? On va pas se mentir, la recherche de stage, c’est vraiment pas une période évidente. Elle est très stressante et nous pousse à nous remettre en question. Ça prend souvent beaucoup de temps, d’énergie, pour peu de résultats. J’espère que tu finiras par trouver, parce qu’après tout tu ne mérites pas moins un stage que quelqu’un d’autre ! Et sache que chaque stage reste bon à prendre (surtout en M1), même si ce n’était pas un premier choix, ça reste vraiment une plus value.
      Je me pencherais certainement davantage sur la question du stage dans un futur article.
      Bisous et bon courage 😊💪🏻

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      • Chloé dit :

        Bonjour Célia !
        C’est vraiment sympa d’avoir écrit un article sur ton stage en cabinet d’expertise comptable, il est vrai que la plupart des étudiants se tournent vers les cabinets d’avocats pour leur stage. Personnellement ayant déjà effectué des stages avec des avocats, je pense avoir vraiment plus appris au service juridique d’un expert comptable, où l’on m’a confié de nombreuses responsabilités .
        J’en viens à ma question. J’ai un rapport de stage à rédiger, et je t’avoue bloquer énormément sur la problématique juridique découverte pendant le stage., du moins pas de quoi rédiger 30 pages dessus. Évidemment je ne me permettrai pas de m’en fournir une, néanmoins aurais-tu la gentillesse de me donner des pistes de réflexion ?
        D’avance je te remercie pour l’attention que tu porteras peut être à ma demande, je te souhaite une bonne continuation dans ta vie professionnelle.
        Chloé

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  2. Clémence / Livana dit :

    Coucou Célia. ça me rend dingue les raisons que tu as eues pour le refus… on nous donne aucune chance en France je trouve… Je veux dire, tout le monde n’a pas la possibilité d’avoir déjà de l’expérience professionnelle, et il faut bien commencer un jour ! J’ai également l’impression que c’est le piston qui marche à mort dans notre pays élitiste…

    J’avoue que ça a dû être une sacrée pression de savoir qu’il y a une embauche potentielle au bout du compte tout en étant seule sans connaître le poste et l’appréhension de ne pas accrocher. Bravo à toi donc 🙂 Et waouh le coefficient !

    ah ça me rappelle des souvenirs tes précisions sur la personne morale et la personne physique tiens ^^ quand j’étais en L1 de droit puis au seul cours de droit que j’ai eu en LEA (aussi en L1).

    Non mais les abréviations à dormir debout, ça aussi… c’est vraiment un truc de commerce ! C’est comme le fait d’angliciser pleins de mots aussi. Je comprends tellement ton malaise au téléphone.

    J’ai lu tout ton article en tout cas et on sent que ça t’a beaucoup apporté et te plaît toujours 🙂 je perçois que tu as gagné en assurance. C’était super intéressant à lire même si j’ai dû me concentrer parce que ce domaine c’est toujours assez compliqué ; ça me confirme aussi que le droit n’était pas fait pour moi ^^ je t’admire pour ta solidité face à un tel stress avec une si lourde charge de travail si variée !

    Bisous ❤

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  3. Cookie dit :

    Waoh, j’ai adoré lire cet article ! Je l’ai commencé avec un peu d’appréhension en pensant que ça avait été une mauvaise expérience. J’ai été très heureuse de lire la fin. Ton histoire ressemble à un conte de fée juridique :’). Les personnes qui trouvent un travail rapidement après la fin de leurs études existent donc ! Je retrouve de l’espoir. Et surtout, je vais postuler dans des cabinets d’expert comptable. J’ai vu des offres intéressantes qui semblent donner leur chance aux jeunes diplômés. La variété des missions que tu décris m’attire beaucoup.
    Merci pour ce post ! J’espère qu’aujourd’hui, tu fais ce que tu aimes, que ce soit à ce poste ou ailleurs !

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